Qu’est-ce que la neutralité carbone ?
Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que la solution la plus sûre serait de ne pas dépasser le seuil de 1.5°C de réchauffement global de la planète. Et pour ce faire, une chose essentielle : atteindre la neutralité carbone au plus tard à la moitié du siècle, et cet objectif est défini dans l’Accord de Paris, signé par 195 états.
En effet, le changement climatique est aujourd'hui visible : sécheresse, vague de chaleur, fortes pluies, etc. Certaines conséquences dévastatrices sont déjà entrées dans le champ des possibles telles que l’augmentation du niveau de la mer et la raréfaction de la biodiversité.
On entend dans la neutralité carbone équilibrer les émissions de carbone dans l’atmosphère et leur absorption par des puits. De fait, l’intégralité des émissions carbone devra être compensée par la séquestration de ces dernières. Les puits de carbone sont des systèmes (naturels ou non) qui absorbent plus de carbone qu’ils n’en émettent. Dans les puits naturels, on retrouve notamment le sol, les différentes forêts et les océans.
L'Union européenne revoit l’ancienne législation, et l’objectif est d’atteindre une réduction de ses émissions de 55% d’ici à 2030.
Les objectifs européens d’ici à 2035
Pour atteindre les objectifs de réchauffement à 1.5°C, il faut que les pays s’accordent pour atteindre la neutralité carbone en 2035 ou plus tôt. Parmi les pays membres, l’Autriche, le Danemark, la Lituanie et le Luxembourg se sont engagés à remplacer l’utilisation des énergies fossiles comme le charbon et le gaz par des énergies renouvelables. Le Portugal, la Suède et la Roumanie enclenchent eux aussi ces engagements, mais sur des délais plus longs.
Des engagements considérés comme insuffisants pour certains pays
D’autres pays comme la France, l’Allemagne, la Grèce, les Pays-Bas et l’Italie s’engagent à décarboner leur économie. Cette solution est considérée comme insuffisante, car ces pays ne semblent pas s'engager à sortir définitivement des énergies fossiles surtout que le gaz et le nucléaire sont entrés dans la taxonomie verte. En revanche, ils proposent l’ajout de technologies pour produire de l’électricité.
Un organisme qui étudie les différents rapports sur l’énergie et le climat, Beyond Fossil Fuels (Au-delà des énergies fossiles), explique que ces technologies sont inadaptées, voire contre productives, notamment par leur coût ou leur impossibilité à produire à grande échelle dans les temps impartis. Tara Connolly, chargée de campagne du groupe, explique que “les technologies de captage et de stockage du carbone sont promises depuis plus de dix ans, mais elles n'ont toujours pas été prouvées et n’ont été déployées à une échelle suffisante nulle part en Europe”.
Quels pays sont en avance sur la décarbonation du secteur électrique ?
Plusieurs pays ont quant à eux fait un grand pas concernant la production d’électricité par le biais de sources d’énergie renouvelable. De fait, Alpiq vous propose de faire le point sur les principaux, en haut du classement européen.
L’Autriche à la première place
Par une loi votée par le parlement autrichien en 2021, le pays se donne pour objectif une production d’électricité à 100% issue des énergies renouvelables d’ici à 2030. Le mix énergétique actuel de l’Autriche est déjà composé de 75% d’énergie renouvelable, ce qui place le pays au premier rang des états de l’Union européenne pour la part d’énergie renouvelable dans sa consommation d’électricité. Concernant la production d’électricité de l’Autriche, le renouvelable grimpe à 87% en 2023.
La Suède et son mix énergétique
Si la Suède fait titre d’exemple en matière de décarbonation, puisque ses émissions de CO2 ont baissé de 90% entre 1990 et 2019, c’est avant tout grâce à la combustion des déchets forestiers et l’utilisation forte de pompes à chaleur. Pour arriver à ce résultat, il faut savoir que le pays s’engage dans la transition énergétique depuis les années 60 et, suite aux chocs pétroliers des années 70, a eu une volonté de réduire sa dépendance aux produits pétroliers. Dès lors, la Suède a fait le choix du charbon, du nucléaire et des énergies renouvelables jusqu’à la mise en place d’une taxe carbone en 1991.
En 2022, la Suède est passé plus grand exportateur d’électricité, avec l’exportation de 20% de sa production et souhaite multiplier la production bas carbone avec une développement de l’éolien.
L’Islande ou le pari de l’hydroélectricité et de la géothermie
Pour 2050, l’Islande s’est donné pour objectif d’être totalement indépendante des énergies fossiles. Actuellement, la géothermie et l’hydroélectricité constituent plus de 70% de la consommation électrique du pays.
Il faut dire que l’activité volcanique n’est pas des moindres et l’Islande a su tirer une opportunité de la richesse de ses sols. Avec les techniques de forage, les équipes vont chercher l’eau chaude et se servent de cette dernière pour chauffer ou refroidir les bâtiments.
Où en est la France ?
Si en 2023, la France a fait un bon dans la production d'électricité issue des énergies renouvelables (28,5% contre 22,4% en 2022), le pays reste en dessous des pays limitrophes qui avoisinent les 50%. En revanche, l’hexagone relance l’énergie nucléaire qui n’émet pas de gaz à effet de serre, même si d’autres problèmes environnementaux sont mis en avant avec cette source d’énergie, notamment par les associations défendant le climat. Le syndicat des énergies renouvelables dénonce un “projet de loi [qui] abandonne toute ambition pour les énergies renouvelables en revenant en arrière par rapport à la loi actuelle”, et l’association Action climat déplore un “recul par rapport à ce qui était attendu sur la partie climat”.
Les résultats et les ambitions de la France sont critiqués et, lorsque la liste des pays limitrophes de même catégorie (PIB / population / superficie) est dressée, elle est toujours, pour l’instant du moins, en bas de la liste.