Scénarios possibles pour l'évolution du secteur électrique à l'horizon 2050

Depuis maintenant plusieurs années, le climat est au cœur des inquiétudes politiques et sociales. En effet, après plusieurs alertes, notamment du GIEC, la Transition énergétique offre de nouveaux défis. Pour réaliser ces derniers, le secteur de l’énergie devra connaître une évolution, mais cette dernière est incertaine et plusieurs scénarios ont été étudiés. Alpiq vous livre les principaux axes.

Scénario "business as usual"

Ce dernier implique tout simplement le “non-changement”. Il entend que les pratiques actuelles sont conservées. Avec une augmentation de la demande en électricité, il est à ce jour le scénario qui entraînerait un recours plus lourd aux énergies fossiles. La dépendance serait alors plus forte.

Avec ce scénario, de nombreux risques importants sont estimés, notamment un réchauffement de 4 à 5°C d’ici à 2100, qui pourraient provoquer des vagues de chaleur telles qu’une majorité de la planète deviendrait inhabitable, une hausse du niveau des océans d’environ 2 mètres, un manque d’eau flagrant pour la majorité des humains et une transformation en profondeur de l’intégralité des écosystèmes.

Plusieurs entités institutionnelles comme l’Agence Européenne de l’Environnement s’inquiètent des conséquences potentielles dès 2050, mais aussi du nombre d’humains qui ne pourraient survivre en fonction de leur territoire.

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Scénario "neutralité carbone"

Comme son nom l’indique, le but de ce scénario est d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Pour ce faire, il entend une décarbonation complète du secteur électrique impliquant entre autres la baisse importante de la consommation d’énergie. De même, ce scénario prend en compte une part significative des énergies renouvelables pour la production d’électricité.

L’ADEME propose ainsi quatre possibilités pouvant amener  la neutralité carbone en 2050 : 

  • Une génération frugale, avec des transformations en profondeur sur les déplacements, la façon de s’alimenter et de se chauffer. Elle entend aussi l’utilisation d’équipements capables de capter le carbone, bien que ces derniers ne soient pas encore certains à grande échelle.
  • Les coopérations territoriales qui, selon l’ADEME, entraîneraient une consommation de biens responsable et mesurée. Des institutions non gouvernementales, privées comme publiques, pourraient alors trouver des solutions pour maintenir la cohésion sociale tout en permettant d’investir massivement dans les énergies renouvelables.
  • L’inclusion des énergies renouvelables.
  • Le pari réparateur, avec une bascule de la société sur la réparation plutôt que le remplacement dans une économie circulaire.
Bon à savoir

Si ce scénario semble difficile à mettre en place, il reste réalisable. De plus, cela permettrait de limiter durablement les impacts de notre consommation sur le réchauffement climatique, entre autres grâce aux technologies des énergies renouvelables.

Scénario "smart grids"

Dans ce troisième scénario, il y a un fort intérêt pour les réseaux intelligents et leur déploiement devient massif. L’avancement dans les nouvelles technologies est rapide et il nous permet de voir l'avenir du réseau plus sereinement. En effet, les réseaux intelligents, autrement dit smart grids, vont permettre l’intégration de nouveaux moyens de production d’énergie malgré de potentiels points faibles, notamment l’intermittence des énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien.

Bon à savoir

Un smart grid est une implantation technologique sur le réseau traditionnel avec des capteurs tout au long de l’installation afin de recueillir le plus de données possible dont les pics de consommation, les pannes éventuelles…

Si les technologies vont permettre une amélioration du réseau, elles entraîneront de même une amélioration de son développement avec une vision plus précise des actions qui s’y déroulent. Le côté “intelligent” du réseau se répartit avec les compteurs communicants et l’intégration de batteries pour stocker la production. C’est en ce sens que les énergies renouvelables pourront venir soutenir le réseau, car elles sont essentielles à la lutte contre le dérèglement climatique. De plus, le pilotage du réseau facilité grâce aux smart grid sera plus fiable et stable, permettant de décider le temps où il faut injecter de l’énergie ou, au contraire, où il faut préférer le stockage.

Scénario "décentralisation"

La centralisation de la production d’énergie, notamment les lieux dans lesquels elle a lieu, éloigne cette dernière du consommateur. En effet, il ne peut avoir les différentes informations sur le réseau lui-même et son état, la fourniture d’électricité ou encore l’origine de celle-ci. L’année 2000 ouvrant le marché à la concurrence a marqué un tournant dans cette centralisation, modélisant un nouveau marché de l’énergie pour le rendre plus dynamique.

Aujourd’hui, les consommateurs peuvent devenir eux-mêmes producteurs, notamment par le biais de panneaux photovoltaïques, et ces derniers deviennent alors un peu plus maîtres de leur approvisionnement.

Avec la démocratisation de producteurs locaux, des liens directs entre production et usage de l’énergie se créent. De fait, le consommateur se responsabilise, se rend compte des bénéfices que lui apporte une meilleure maîtrise de sa consommation, l’économie d’énergie.

Bon à savoir

La décentralisation de la production d'énergie entraîne une gestion améliorée de l’offre et de la demande. Si les pics de consommation sont reconnus, il est plus simple de les pallier tout en réduisant les pertes d’énergie, notamment grâce au stockage par les smart grid.

Scénario "hydrogène"

Contrairement aux autres énergies renouvelables, l’hydrogène a cette capacité d’être stocké, et ce, sous forme de gaz. L’hydrogène vert se fabrique via l’électrolyse de l’eau, séparant alors l’hydrogène de l’oxygène. Sa combustion ne dégage que de l’eau, ce qui entraîne une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre.

L’hydrogène comporte alors plusieurs avantages : 

  • il peut servir de combustible pour les moyens de transport;
  • il peut être stocké pour être utilisé en cas de besoin, et sur commande;
  • il peut permettre l’élaboration de nouveaux usages de l’électricité tout en décarbonant le secteur.
Bon à savoir

Plusieurs véhicules sont en cours pour fonctionner à l’hydrogène, soit entièrement, soit en hybride. Aujourd'hui utilisé sur un train et plusieurs parcs automobiles, des études sont en cours pour que l’hydrogène puisse se démocratiser et devenir un carburant potentiel pour les trains, les bateaux ou encore les avions.

Pour conclure :

Si la prise de conscience collective oblige à revoir le secteur de l’énergie afin de respecter notamment les défis de la transition énergétique tout en répondant aux besoins croissants, l’évolution du secteur quant à elle reste relativement incertaine, par rapport aux coûts, aux différentes choses à mettre en place, etc., car ils permettent de faire le point sur les infrastructures, mais aussi d’adapter au préalable les différents investissements qui leur seront alloués.

Ces différents scénarios ont été mis en place pour que chacun sache ce qu’il reste à faire, les différentes lignes directrices à suivre pour décarboner au mieux, et il faut retenir que tous ces scénarios ne sont pas exclusifs. En effet, il est tout à fait possible que plusieurs d’entre eux se réalisent en même temps, en parallèle.

De plus, d’autres facteurs viennent se greffer sur l’évolution du secteur électrique, comme l'évolution des systèmes de stockage de l’énergie (entre autres, les batteries), le développement de l’intelligence artificielle pour améliorer le réseau via les smart grid. Enfin, l’évolution politique ne sera pas des moindres. Les différentes décisions portées pourront influencer la décarbonation de l’énergie.

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