L’impact de la guerre en Ukraine sur la crise énergétique

Si à ce jour on parle facilement de la guerre en Ukraine pour dénoncer la crise de l’énergie, elle n’est pourtant pas la seule responsable et la crise a commencé avant. Quels sont les points forts qui nous y ont menés ? En quoi la guerre a-t-elle amplifié la situation ? Quels sont les conséquences et les impacts de la guerre en Ukraine sur le monde de l’énergie ? Alpiq vous en dit plus.

La crise énergétique résumée en quelques points

Pour comprendre la crise énergétique européenne, plusieurs facteurs sont à prendre en ligne de compte. En effet, c’est en 2020 que tout a commencé, faisons un point sur les différents événements qui ont déclenché la crise de l’énergie.

Des plateformes en travaux dans la mer du Nord

Un des plus grands exportateurs et producteurs de gaz en Europe, la Norvège. Une très grosse exploitation au début des années 2000 a entraîné une série de travaux en mer pour construire de nouvelles installations offshores. En 2017 et 2018, de nouveaux forages ont été autorisés en mer des Barents. En 2020, certains sites de forage ont été mis à l’arrêt sur plusieurs gisements à cause de la maintenance des plateformes. Ces différents travaux ont freiné la production, mais aussi l’exportation du pays. Ce n’est qu’à partir du mois d’octobre 2021 que l’exportation de la Norvège a repris et elle a retrouvé son rythme de production début 2022.

La crise sanitaire et la reprise économique

La crise sanitaire provoquée par la Covid-19 a obligé la population à jongler sur plusieurs confinements. À la sortie de ces confinements, l’économie mondiale a dû être relancée et cela a provoqué une hausse des prix de l’énergie sans précédent, les producteurs allant au plus offrant. Il n’aura fallu que quelques semaines aux prix pour se multiplier suite à l’explosion de la demande.

La production ne pouvant suivre cette demande mondiale, les réserves de gaz ont été dépouillées alors que le réapprovisionnement était faible.

Le gaz et l’électricité couplés sur le marché européen de l’énergie

Ce couplage des deux énergies sur le marché européen fait débat depuis longtemps. De fait, avec toutes les augmentations compilées sur le gaz, l'électricité suit le cours de ce dernier. Si la France est allée proposer une réforme fin 2021, neuf pays de l’Union ont refusé. Cependant, de nombreux pays font appel au gaz pour investir dans des centrales thermiques à gaz, moins polluantes que les centrales à charbon.

Bon à savoir

une réforme du marché de l’énergie européen est actuellement en discussion.

Des réacteurs nucléaires à l’arrêt en France

Un climat déjà sous tension en octobre 2021, mais là encore, la crise sanitaire a eu un impact non négligeable. En effet, les confinements et diverses baisses de régime sur la production ont retardé les visites décennales de maintenance sur les centrales du parc français. En parallèle de ces visites, des problèmes de corrosion ont été décelés dans certaines d’entre elles, forçant parfois l'arrêt de réacteurs. À l’entrée de l’hiver, c’est quasiment la moitié du parc nucléaire qui était en indisponibilité.

Des conflits géopolitiques contre le gazoduc

Le deuxième plus gros importateur gazier vers l’Europe est la Russie. Cependant, le pays a pour objectif de créer un nouveau gazoduc, Nord Stream 2, qui ne passerait plus par certains territoires et permettrait ainsi à la Russie de payer moins de droits de passage.

De nombreux pays sont contre ce projet, mais le président russe, Vladimir Poutine, refuse de laisser passer cette aubaine. L’Europe dans sa majorité voit ici une volonté de suprématie de la Russie, alors qu’elle veut réduire sa dépendance au gaz et à l’importation de celui-ci. Les tensions montent alors d’un cran.

Vladimir Poutine maintient l’Europe en pression tout en acceptant de livrer du gaz à la Chine, dont la demande est très haute depuis qu’elle souhaite sortir des énergies fossiles, notamment le charbon.

image description
Bon à savoir

le président russe met une pression supplémentaire sur les pays s'opposant à son projet, les menaçant de limiter leur accès au gaz russe.

Des enjeux amplifiés avec la guerre en Ukraine

Nord Stream 2 ou le gazoduc au coeur des conflits

Un projet longtemps controversé. En effet, les États-Unis ont été jusqu’à menacer les entreprises impliquées dans sa construction.

L’Europe voit en ce projet une dépendance encore plus prégnante au gaz russe. Alors que le continent essaie de sortir des énergies fossiles, elle refuse la concrétisation de Nord Stream 2.

Il faut dire que le problème se posait déjà avant l’invasion de l’Ukraine, mais il a été renforcé. En effet, Nord Tream 2, passant directement par les territoires offshores, excluait l'Ukraine de sa course et supprimait les dividendes perçus par le pays.En plus du profit perdu, l’Ukraine pensait que la Russie n’attaquerait pas un territoire sur lequel elle avait basé certaines de ses infrastructures coûteuses.

L’importation de gaz fortement diminuée

Février 2022 marque un tournant sans précédent. La déclaration de guerre faite à l’Ukraine vient amplifier la problématique. Il faut dire que le gaz russe représente environ 40% du marché en Europe, et 20% en France. Si le ravitaillement de gaz russe devait s’arrêter, les solutions qui se présentent ne sont possibles que sur le long terme, par manque d’infrastructures. L’Allemagne n’ayant aucun port de récupération pour gaz liquéfié venant des États-Unis. Le transport par voie maritime, quant à lui, serait plus long et plus coûteux.

image description
Pour aller plus loin

Vladimir Poutine menace de couper sa livraison de gaz vers l’Europe si celle-ci intervient dans le conflit. Cela placerait le vieux continent en danger quant à ses réserves gazières. À ce jour, le gouvernement français, comme la plupart des gouvernements d'Europe, souhaite se passer du gaz russe.

Sommaire