Pourquoi Berlin s’oppose au financement du nucléaire au niveau européen ?

Face aux enjeux en matière de transition énergétique, la politique adoptée par la Commission européenne a un impact direct sur les différentes stratégies énergétiques mises en place par les pays membres. L’Allemagne est farouchement opposée au financement du nucléaire dans le cadre du Pacte vert de l’UE. On décrypte tout ça dans cet article.

Le pacte vert pour une industrie « propre »

Face aux enjeux en matière de transition énergétique, l’Union européenne (UE) a mis en œuvre un Pacte vert européen visant à atteindre la neutralité carbone à horizon 2050.

Au sujet de ce Pacte vert, l’ensemble des pays membres de l’UE s’accordent sur plusieurs points, comme par exemple : 

  • Une prise de conscience collective que la demande en énergie va augmenter dans les années à venir face à l’électrification des usages ;
  • La nécessité de diminuer fortement la consommation d’énergie finale dans tous les secteurs (et notamment le transport et l’habitat) ;
  • La nécessité d’accélérer le développement des énergies renouvelables (EnR) dont l’objectif est qu’elles représentent 40 % de la consommation d’énergie à horizon 2030 au niveau européen. 

Mais certains sujets divisent aussi les membres de l’UE et notamment la structure du mix électrique européen et plus particulièrement, la place du nucléaire dans ce mix électrique.

Or, le Pacte vert définit, entre autres, l’accès des différents pays membres aux financements de l’industrie verte européenne. Concrètement donc, le statut de l’énergie nucléaire au niveau de l'UE a un impact direct sur l’accès de la France à des financements de la part de l’UE pour développer son parc nucléaire. 

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Des stratégies opposées en matière de nucléaire

Tandis que certains pays refusent l’option du nucléaire (c’est le cas notamment de l’Autriche et de l’Italie par exemple), d’autres l’ont abandonné définitivement (l’Allemagne et la Belgique). La France, quant à elle, fait partie des rares pays à vouloir maintenir le nucléaire dans son mix énergétique.

En effet, tandis que l’Allemagne a définitivement fermé les trois dernières centrales nucléaires encore en fonctionnement en mars 2023 ; la France, elle, a lancé la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. 

Comment expliquer ces divergences ? 

Plusieurs pays ont pris la décision de sortir définitivement du nucléaire. C’est le cas notamment de l’Allemagne, qui, suite à l’accident de Fukushima, au Japon, a décidé la sortie définitive du nucléaire, dès la fin de l’année 2022. La principale raison avancée par la chancelière Angela Merkel était l’argument de la sécurité, mais aussi, un rejet de plus en plus important de cette énergie de la part de la population allemande. Finalement, pour faire face à la crise énergétique, la fermeture de certaines centrales avait été légèrement repoussée. 

La France, quant à elle, avance d’autres arguments pour justifier la relance du nucléaire dans le pays : 

  • La guerre en Ukraine a relancé le débat sur l’indépendance énergétique des pays de l’UE. La crise énergétique a été aggravée en France, en partie à cause de l’indisponibilité d’une partie du parc nucléaire ;
  • La lutte contre les effets du réchauffement climatique : les objectifs ambitieux des pays membres de l’UE en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) imposent à la France de trouver des solutions pour réduire considérablement ses émissions. Or, l’énergie nucléaire émet peu de GES. 

Comment est financé le « nouveau nucléaire » ?

Dans les années 1970, le Gouvernement français avait demandé à EDF de financer le programme du nucléaire par l’emprunt. À ce jour, la situation financière d’EDF ne permet plus d’opter pour ce plan de financement. 

Il faut savoir que, dans la plupart des pays dans le monde, le financement des nouveaux concepts de réacteurs se fait principalement par le biais d’une coopération entre acteurs privés et publics. 

Dans son plan d’investissement « France 2030 », la France prévoit de financer les projets de R&D liés au développement du nucléaire, à hauteur de 1 milliard d’euros. 

Mais, du côté de Bruxelles, la Commission a encore du mal à se positionner clairement sur le long terme au sujet du nucléaire. Ainsi, le nucléaire (tout comme le gaz) a été intégré à la taxonomie verte (un label qui rassemble les filières énergétiques contribuant à la lutte contre le changement climatique), uniquement comme énergie de transition (et donc, par définition, temporaire). 

La position de l’Allemagne concernant le nucléaire

Selon les sources du site euractiv.fr, réseau de médias paneuropéen indépendant spécialisé dans les affaires européennes, Sven Giegold, le secrétaire d’État allemand à l’Économie, a présenté, le lundi 30 septembre 2024 la position de l’Allemagne concernant le futur Pacte de l’UE pour une industrie propre. 

Dans sa présentation, le secrétaire d’État a déclaré qu’il souhaitait que la Commission européenne donne la priorité aux EnR en matière de financement. Il a ainsi réaffirmé sa position concernant le nucléaire : 

« Il est important d’exclure l’énergie nucléaire et sa production de tout financement de l’UE. »

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