Une centrale de géothermie en plein port de Marseille
Marseille a toujours su tirer parti de sa situation en bord de mer, et elle continue aujourd’hui. En effet, la cité phocéenne profite de son Grand Port pour y piocher de l’eau salée. Cette dernière alimente ensuite tout un réseau qui produit du chaud comme du froid. Une extension de la centrale est prévue dans les prochains mois afin de desservir une partie du centre-ville, la gare Saint-Charles et l’université et rendre ainsi l’infrastructure plus rentable encore.
La géothermie marine, comment ça marche ?
Dans le cas de cette centrale géothermique, c’est à sept mètres de profondeur que l’eau de mer est puisée avant d’être dirigée au sein de la centrale. En hiver, cette eau est en moyenne de 14°C et avoisine les 22°C en été. En fonction des besoins, on prélève à cette eau des calories ou des frigories grâce à des groupes froids ou des thermofrigopompes et on les transmet au réseau.
Plus en détail, l’eau de mer est pompée puis filtrée, à trois reprises. Ensuite, les thermofrigopompes, une sorte de grosse pompe à chaleur eau, viennent la récupérer pour en retirer les calories qui sont envoyées dans un circuit d’eau douce. Après l’opération, l’eau retourne à la mer.
Patrick Berardi, le directeur général de Thassalia, la centrale géothermique d’Engie, explique que “l’hiver, nous récupérons de l’eau entre 11 et 13°C que nous devons porter à 60°C pour le chauffage. L’été, elle peut atteindre 25°C et nous devons la baisser à 5°C pour la climatisation”. Si la mer à elle seule ne suffit donc pas à fournir les températures voulues, des chaudières à gaz ont été intégrées à l’installation, comme appoint. De fait, 80% du chaud et du froid produits viennent de l’énergie thermique de la mer qui engendre de même 20% de l’électricité utilisée pour les machines, de l’électricité verte.
Les conclusions de l’ADEME pour Thassalia
L’ADEME, qui a participé au financement de ce projet, explique que ce dernier a eu un impact économique indéniable. En effet, il a mobilisé près de 100 personnes sur le chantier et les entreprises sollicitées étaient locales et quatre emplois, liés au fonctionnement quotidien de la centrale, ont été créés.
De plus, l’installation permet une énergie à coût stable aux usagers des locaux raccordés.
De fait, pour l’ADEME, la centrale représente un bonus sur de nombreux points dont :
- le bilan énergétique, avec 80% d’énergie renouvelable retransmis sur le réseau,
- un bilan écologique bénéfique avec un rejet de 9160 tonnes de CO2 évité par an,
- économiquement, un prix de l’énergie stable et maîtrisé avec un taux de TVA réduit,
- sur le territoire, des emplois créés et un investissement local de 35 millions d’euros.
La géothermie marine, un secteur qui reste flou en France
Si Monaco avait découvert le filon tôt, devenant précurseur dans le domaine de la géothermie marine à la fin des années soixante, la France quant à elle a un train de retard. En effet, Marseille est à ce jour le seul site en service et a été inauguré en 2016.
L’énergéticien Engie s’est lancé dans l’aventure en s’assurant d’avoir des clients privés. Après avoir eu une convention d’occupation du port, il n’a pas eu recours à une délégation de service public pour ce projet au coût total avoisinant les 35 millions d’euros.
La volonté d’atteindre les objectifs de la transition énergétique, d’être moins dépendants aux énergies fossiles et de réduire notre empreinte carbone oblige à revoir nos réseaux de chaleur et de froid plus décarbonés. C’est en ce sens que le projet a vu le jour.
Par ailleurs, il devient modèle et tend à se répandre, notamment du côté de Cannes. Un projet de géothermie a été signé et devrait débuter en 2025 dans le but de faire la thermorégulation des hôtes de luxe de la Croisette à l’eau de mer.
L’énergie marine nous fait cependant de belles promesses
L’énergie thermique des mers, aussi appelée énergie maréthermique, est l’utilisation de la différence de température entre la surface et le fond marin. Ce sont ces mêmes différences qui provoquent les courants marins eux-mêmes. En se réchauffant, l’eau perd en salinité et monte en surface là où une autre partie de l’eau va se gorger de sel, se refroidir, et reprendre sa course en profondeur.
On retrouve dès lors des centrales maréthermiques qui vont utiliser l’eau chaude pour provoquer une évaporation et créer de la vapeur, cette dernière entraînera des turbines pour produire de l’électricité. Plusieurs énergies marines vont alors être mises en avant. On peut compter parmi elles l’énergie houlomotrice, l’énergie hydrolienne ou encore l’énergie marémotrice.
L’énergie marine est une énergie renouvelable et surtout inépuisable, le tout sans être intermittente. Cette énergie, très peu polluante, entraîne un développement à l’étude.