Pourquoi installer une centrale nucléaire sur la Lune ?
La Lune, un désert froid et aride, sans atmosphère, peut sembler peu accueillante. Pourtant, elle est depuis longtemps dans le viseur de nombreuses puissances spatiales. Les États-Unis, la Chine, la Russie, et récemment l’Inde, multiplient les projets pour y établir des bases scientifiques permanentes. Mais pour y installer des hommes et mener à bien des expériences, il faut de l’énergie. Et beaucoup d’énergie.
Sur Terre, nous avons un large éventail de sources d'énergie comme l'energie solaire, l'éolien, et bien sûr le nucléaire. Sur la Lune, les options sont beaucoup plus limitées.
L’énergie solaire : une solution imparfaite
Le soleil est une source d’énergie abondante, mais sur la Lune, il pose un problème majeur : les jours et les nuits lunaires ne ressemblent en rien à ce que nous connaissons sur Terre. En effet, sur la Lune, une journée dure environ 29 jours terrestres. Ce qui signifie que chaque "nuit" lunaire dure 14 jours. Par conséquent, les panneaux solaires ne peuvent fournir de l’énergie que la moitié du temps.
Pour continuer à fournir de l’électricité durant ces longues nuits, il faudrait donc stocker énormément d’énergie, ce qui est complexe et coûteux. C’est là que l’idée du nucléaire entre en jeu.
Le nucléaire : une solution prometteuse
L’énergie nucléaire, quant à elle, a un grand avantage : elle peut fonctionner 24 heures sur 24, sans interruption, quel que soit l’environnement extérieur. Pas besoin de soleil, de vent, ou d’eau pour produire de l’électricité. De plus, les centrales nucléaires sont capables de produire de grandes quantités d’énergie avec peu de ressources.
C’est pourquoi plusieurs pays envisagent sérieusement d’installer une centrale nucléaire sur la Lune. Cette source d’énergie fiable et constante permettrait de répondre aux besoins d’une base lunaire habitée, que ce soit pour alimenter les systèmes de survie, les laboratoires de recherche ou encore les équipements de communication.
Quels sont les projets en cours ?
Aujourd’hui, plusieurs pays se lancent dans des projets ambitieux pour conquérir la Lune, et la question de l’énergie, notamment nucléaire, est au cœur de ces initiatives.
Le projet ILRS (International Lunar Research Station)
Ce projet, mené par la Chine et la Russie, avec la participation de l’Inde, vise à établir une base lunaire habitée. L'ILRS est l'un des projets les plus ambitieux en cours. Lancé en 2021, ce plan de construction prévoit des étapes claires : d’abord une base robotisée entre 2030 et 2035, suivie d’une base habitée. L’objectif final est de créer une station de recherche lunaire internationale d’ici 2045.
En septembre 2024, de nouveaux détails ont été dévoilés, confirmant que cette base serait située au pôle Sud de la Lune, une région stratégique en raison de ses réserves potentielles d’eau sous forme de glace. Pour alimenter cette base, la Chine et la Russie prévoient d’utiliser un mix énergétique incluant l’énergie solaire, des générateurs à radio-isotopes, et le nucléaire.
Le programme Artemis de la NASA
De leur côté, les États-Unis poursuivent leur propre programme, Artemis, dirigé par la NASA. L’objectif est de ramener des astronautes sur la Lune d’ici 2026 et de créer une base durable au cours de la prochaine décennie. Ce programme bénéficie du soutien de nombreux pays occidentaux et d'entreprises privées, ce qui renforce la dynamique de cette initiative.
Une autre particularité du programme Artemis est la construction d’une station orbitale autour de la Lune, nommée Gateway, qui servira de point de transit pour les futures missions, y compris celles vers Mars.
Si l'énergie solaire sera évidemment utilisée dans les installations du programme Artemis, la NASA explore également la piste du nucléaire. En effet, un programme appelé Kilopower a été lancé pour développer des réacteurs compacts qui pourraient fournir une source d’énergie stable et continue, indispensable pour les futures colonies lunaires et martiennes.
Comment ça fonctionnerait exactement ?
D’après les informations qui ont fuité, la centrale nucléaire lunaire envisagée par la Chine, la Russie et l’Inde aurait une puissance de 500 kW. À titre de comparaison, un réacteur nucléaire classique sur Terre produit généralement entre 1000 et 1500 MW, soit bien plus. Cependant, il est important de noter que sur la Lune, les besoins en énergie seraient moindres, du moins au départ.
Un “petit” réacteur nucléaire lunaire pourrait donc suffire à alimenter une base habitée, des instruments scientifiques, et des véhicules d’exploration. La technologie n’est pas si éloignée de ce que nous connaissons déjà. De plus, des prototypes de réacteurs nucléaires compacts sont en développement sur Terre, certains capables de fonctionner de manière autonome pendant des décennies.
En somme, installer une centrale nucléaire sur la Lune est tout à fait envisageable avec les moyens technologiques et financiers actuels. Par ailleurs, les projets déjà en cours montrent que les grandes puissances sont prêtes à investir dans cette aventure.
Cependant, au-delà des prouesses techniques, une question importante reste : quel sera l'impact écologique de cette nouvelle ère d'exploration spatiale ?