Rappels sur le changement climatique
« L'adaptation climatique, ce n'est pas une option. C'est un impératif absolu et c'est un impératif immédiat. » C’est ce qu’a annoncé Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, dans une déclaration qu’il a fait le 8 février 2024 sur l'adaptation des entreprises au changement climatique.
Et en effet, comme le rappelle le GIEC dans son dernier rapport du 20 mars 2023, les émissions de gaz à effet de serre (GES) dues aux activités humaines ont réchauffé les températures d’1,1°C par rapport à la période pré-industrielle. Et pour limiter la hausse entre 1,5°C et 2°C à horizon 2030, il est nécessaire de réduire considérablement les émissions de GES et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2030.
Parce que le réchauffement climatique est responsable de changements considérables (et pour certains irréversibles) au fil des années : des vagues de chaleur de plus en plus nombreuses, des précipitations extrêmes, des épisodes de sécheresse de plus en plus longs et répétés, le changement dans le comportement de nombreuses espèces, etc.
Et au-delà de ces impacts néfastes sur la nature et les populations, le changement climatique a aussi des impacts importants sur l’état du système électrique français. Impacts qu’il faut d’ores-et-déjà prendre en compte pour limiter les conséquences sur les consommateurs. On vous explique.
Vous voulez, vous aussi, participer à la transition énergétique ? Souscrivez une offre d’électricité verte. Chez Alpiq, vous choisissez la part d’électricité verte dans votre contrat (de 0 % à 100 %).
Les risques identifiés pour les réseaux électriques
Le changement climatique expose les différents ouvrages du réseau électrique (les lignes électriques, les transformateurs, les postes électriques ou encore les équipements électroniques et de télécommunication) à différents risques. On vous liste les principaux ci-dessous.
Des épisodes de chaleur ou de froid extrême
Des épisodes de chaleur ou de froid extrême peuvent provoquer :
- Une surchauffe ou à l’inverse une contraction des câbles électriques (contraction due au givre) ;
- Une baisse de la capacité, voire un vieillissement accéléré, des transformateurs ;
- Un vieillissement accéléré ou une rupture des disjoncteurs électriques ;
- Une surchauffe ou le gel des équipements électriques et/ou de télécommunication.
Des précipitations extrêmes
Des pluies extrêmes, des chutes de neige, des crues ou des inondations peuvent provoquer :
- Des dommages sur les câbles et les pylônes des lignes électriques ;
- Des infiltrations d’eau entraînant un court-circuit, voire l’explosion des transformateurs électriques ;
- Des pannes et la fragilisation des isolants situés sur les postes électriques ;
- Des infiltrations d’eau entraînant des dommages liés à l’humidité au niveau des équipements électroniques et télécoms.
Des vents violents et des tempêtes
Des vents violents et des tempêtes peuvent provoquer des chutes d’objets pouvant être responsables :
-
De dommages sur les lignes électriques et sur les équipements électroniques ;
-
De courts-circuits et d’un risque d’explosion au niveau des disjoncteurs, des sectionneurs ou des transformateurs.
Des feux de forêt
La chaleur, les fumées et les cendres provoquées par les incendies et les feux de forêt peuvent avoir des répercussions importantes sur le réseau électrique et notamment couper les lignes de transmission électrique, voire détruire complètement les autres ouvrages comme les transformateurs, les postes électriques et/ou les équipements électroniques et de télécommunication.
Voici un schéma récapitulatif des risques encourus sur le réseau électrique face au changement climatique :
Les mesures pour limiter l’impact du changement climatique sur le réseau électrique
Pour limiter au maximum les effets néfastes du réchauffement climatique sur le réseau électrique, les gestionnaires Enedis (pour la partie distribution) et RTE (pour la partie transport), mettent en place un certain nombre de mesures. En voici quelques exemples.
La mise en souterrain des réseaux
C’est une solution relativement coûteuse mais particulièrement efficace car elle permet de protéger le système électrique contre différents types d’évènements climatiques extrêmes comme les vents forts, les tempêtes ou encore les chutes de neige et les fortes chaleurs.
Ainsi, Enedis a doublé la longueur de ses réseaux souterrains entre 2000 et 2022, passant d’environ 175 000 km en 2000 à plus de 350 000 km en 2022. En 2022, 50 % des réseaux gérés par Enedis sont ainsi souterrains (contre 30 % en 2000).
La mise en souterrain des réseaux gérés par RTE est plus complexe. Seuls 7 % de la totalité de ces réseaux étaient souterrains en 2022. Et c’est essentiellement parce que cela coûte très cher au gestionnaire. RTE estime à +40 % le surcoût impliqué par la mise en souterrain des nouvelles lignes d’une puissance comprise entre 63 et 225 kV, ce qui représente un budget compris entre 750 M€ et 1,5 Md€ en cumulé entre 2021 et 2035 (selon les différents scénarios envisagés).
La suppression des technologies incidentogènes
Pour réduire l’impact des évènements climatiques extrêmes sur le système électrique, les gestionnaires ont décidé de supprimer progressivement les éléments les plus vulnérables à ces aléas climatiques.
Par exemple, Enedis a supprimé la quasi-totalité des lignes en conducteurs nus en cuivre (les fils nus) qui représentaient 46 000 km de lignes aériennes basse tension et étaient responsables de 15 000 incidents par an.
Une meilleure prise en compte du risque d’inondation
Suite à la crue de mai et juin 2016, l’IGEDD (Inspection générale de l’environnement et du développement durable) a signalé des retards dans la sécurisation des réseaux de distribution d’électricité face au risque d’inondation. Enedis et RTE ont alors réalisé conjointement un diagnostic de leurs différents ouvrages et ont pu ainsi identifier des niveaux de protection insuffisants.
Suite à cela, RTE a décidé de reconstruire certains ouvrages, ou alors de les mettre en résilience (en installant des capteurs pour envoyer des alertes, en surélevant des éléments sensibles, en posant des pompes, etc.) selon des seuils de crue prédéfinis. Enedis, quant à lui, a mis en place un nouveau programme qui prévoit par exemple que les nouveaux ouvrages soient systématiquement construits en zone non inondable. Les ouvrages existants sont, quant à eux, mis en résilience.
Le renforcement de la coordination entre les différents acteurs
Les réseaux électriques sont interdépendants entre eux, sur tout le territoire français, mais aussi au niveau européen. Pour cette raison, permettre une meilleure coordination entre tous les gestionnaires et acteurs sur les réseaux est une solution efficace pour limiter les impacts du changement climatique sur ces réseaux.
En effet, des défaillances sur le réseau de transport d’électricité d’un pays peuvent par exemple avoir une incidence directe sur la stabilité du réseau d’un autre pays. Il est donc essentiel de prendre en compte la gestion des effets du changement climatique à un niveau plus global pour la rendre plus efficiente.